dimanche 13 février 2011

2. Blue water ou coastal cruisers

L'approche Anglo-saxonne

Pour les Français, un voilier en catégorie A peut affronter toutes les situations. En dehors de la regrettée revue 'Loisirs Nautiques', la presse et la littérature nautique ne parlent quasi pas des choix architecturaux des voiliers. Pas de ratios ou de courbes de stabilités dans les essais des voiliers. On vous donne la catégorie de navigation comme toute explication.
De l'autre côté de la Manche et aux États-unis, l'approche est bien différente: Ils font la distinction entre les 'blue water cruisers' (voiliers de grande croisière) et les 'coastal cruisers' voiliers de croisière côtière. Et cela pour des voiliers qui sont classés dans la même catégorie, ici A. Tous les voiliers de notre liste, Bénéteau, Jeanneau, Bavaria, Dufour, … sont classés 'coastal cruisers'.


Mais qu'est-ce qui fait la différence entre les deux? Quel serait l'inconvénient de naviguer sur un ‘coastal cruiser’ et en quoi ces différences peuvent-elles avoir un impact sur notre projet de grande navigation côtière?

Les réponses sont venues des livres Anglais et plus particulièrement de l'excellent 'The blue Water handbook, the essential guide to bluewater cruising' de Berth A. Leonard. Ils ont aussi un site: http://www.bethandevans.com/index.htm


C'est après l'achat du voilier, que la revue Yachting Monthly de Février 2011, a publié un article qui résume bien ces différences. En voici un extrait:
' Soyez honnêtes: Il est possible de dépenser une fortune pour un voilier 'blue water' résistant à toute épreuve, mais pour la majorité d'entre nous, notre réalité est la croisière côtière sur un voilier qui est nettement moins cher, plus agréable à barrer et plus adapté. Et grâce aux prévisions météo modernes, le voilier côtier ne devrait jamais se trouver dans une situation où il risque de chavirer. C’est ce qui permet d'orienter sa conception vers la performance, mais cette orientation n'offre cependant pas la sécurité nécessaire à une croisière hauturière...'

Chavirer??? Oui, pour chavirer un voilier et mettre la quille au-dessus du mat, 'il suffit' d'une vague déferlante par le travers qui ait une hauteur de plus du 1/3 de la longueur du voilier. Il n'y a heureusement pas grand monde qui en a rencontré de pareilles en saison dans nos régions, mais en croisière hauturière, en s'écartant un peu des routes de l’alizé ou des bonnes saisons, même si c'est rare, cela devient possible.
Toute la question est de savoir ce qui se passe après que le voilier soit à l’envers. Parce que c’est ici que toutes les options de l’architecte naval vont produire leurs effets sur la rapidité de remise à l’endroit, la quantité d’eau embarquée et les dégâts matériels…

Pour YM les différences portent sur 6 critères :
Le rapport déplacement/longueur : Les ‘blue water cruisers’ sont plus lourds,  moins rapides, mais plus confortables dans la mer formée. Ils sont plus aptes à supporter la charge des équipements nécessaires à une grande croisière et ils peuvent emporter plus d’eau et de fuel.


Le rapport poids/lest : Un croiseur côtier aura souvent un rapport inférieur à 30%. Les auteurs estiment qu’un ‘blue water’ doit avoir un minimum de 40%. Le Bavaria 42 Cruiser, par exemple, avec 33% a un peu plus que ses concurrents. Mais attention à tout le poids dans les hauts, moteur HB, radar, radeau, enrouleur de foc, …

Le rapport poids/ surface de voilure : Il doit se situer entre 18 et 24, 24 donnant un voilier très vivant et sportif à la voile. (Système métrique outre Manche, bien sûr). 

La courbe de stabilité : Et surtout le point de perte de stabilité et la stabilité à l’envers, où les catamarans sont rois… Le Bavaria 42 et ses collègues perdent l'équilibre et font la culbute vers 122 degrés de gîte qui semble une norme implicite pour ces voiliers. Et si leur belle largeur nous offre un grand cockpit et de belles cabines arrière, elle les rend plus stables à l’envers qu’un blue water cruiser ... Il est dit qu’une autre vaque devrait aider à la remise à l’endroit au bout d'environ deux minutes surtout s'ils sont pleins d'eau. L’équipier attaché et coincé sous l'eau, à la barre n’a qu’à bien retenir son souffle !

Le stix : Il faut bien chercher pour trouver des informations sur cette norme développée par l’Europe après le Fastnet. Les chantiers ne la communiquent pas et il faut aller sur des sites Anglais pour la trouver. Elle mesure de nombreux indices comme la stabilité, l’angle de gîte à partir duquel les ouvertures sont sous eau, etc. C’est cette norme qui définit la catégorie de navigation. Le chiffre du Bavaria 42 Cruiser est de 35,54. Les auteurs de Yachting Monthly estiment qu’un blue water cruiser doit avoir un stix égal à sa longueur en pieds.
Mais les auteurs disent eux-même qu'il faut se méfier de cette norme, car l'Ovni 395, ‘blue water cruiser’ incontesté, n’a qu’un stix de 33,41.


Les polaires de vitesse : Elles permettent de prédire la vitesse du voilier en fonction de la vitesse et de la direction du vent.




Il existe également une autre version avec une quille en plomb et un tirant d'eau de 2,10 m

Nos conclusions : 
Jusqu'où tout ceci est vrai? 
L'analyse du contenu d'une revue comme YM montre que plus de la moitié des articles traite de problèmes, de risques, d'expériences désastreuses, de préparation au pire ... Est-ce que les Anglais ne portent pas plus leur attention vers l'évitement des risques que sur le plaisir de naviguer?

Même s'ils ont raison, nous estimons qu'en fonction de notre projet nous courrons plus de  risque d’accident en roulant en voiture vers le bateau qu’en naviguant sur celui-ci.
Nos recherches nous ont rassurés sur la qualité de ces voiliers et sur leur adéquation à notre projet. Notre 'coastal cruiser' catégorie A va nous permettre de faire de la grande croisière côtière, avec de bonnes sensations de voile, dans un bon confort, à un prix raisonnable… 


En ce qui concerne le risque de chavirement,
40 ans de navigation côtière ne m'ont pas permis de rencontrer de très mauvais temps (maximum huit ou peut-être neuf bf), en tout cas en mer. Une bonne analyse de la météo devrait nous permettre de continuer à l’éviter et ainsi, garder le voilier à l’endroit.

Traversée de l’Atlantique en ‘coastal cruiser’? La majorité des voiliers de l'ARC sont des 'coastal cruisers'.
Je pense cependant que lorsque plus âgés, nous aurons ce projet, nous changerons peut-être de voilier (en cassant toutes nos tirelires). Plus grand et plus pépère. Comme j'entendais sur un ponton, ‘j’avais un X-Yacht à Nieuport qui marchait très fort, mais je pars avec ma femme pour cinq années autour du monde et j’ai acheté un bateau de vieux : Un Super Maramu…‘.


Et, bien que nous ne pensons pas que ce soit un bateau de vieux, c'est un choix qui correspond bien à notre expérience du 'blue water cruiser' Maramu : Un  voilier pratique, solide, confortable, rangements énormes, 1000 litres d'eau et 400 de fuel, rapide quand il y a du vent. Mais dès que le vent tombe ou qu'il vient de l'avant, on se précipite sur la clef du moteur plutôt que sur les drisses. En croisière lointaine, beaucoup pensent qu'on a souvent plus de temps et qu'il y a moins de près.



Notre choix : Tous nos doutes étaient levés et nous avons donc acheté notre 'coastal cruiser' catégorie A.


En fonction de nos critères, trois voiliers très similaires sont restés dans notre liste. Nous avons observé que les espaces de rangements du Bavaria étaient supérieurs à ceux du Bénéteau 43 et également du Jeanneau 42i. Le réservoir de fuel de 210 l (contre 130 l pour le Jeanneau) nous a fait choisir le Bavaria, malgré l'avantage Jeanneau d’une cuisine placée dans la descente. 
Très subjectivement, nous gardons l'intime conviction que le Bavaria est mieux pensé et construit que ses homologues Français un peu comme la fiabilité des produits automobiles de ces deux pays.

Subjectivité des avis, des choix et des compromis!

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