samedi 15 septembre 2012

Retour de Baltique par le Skagerrak




Je rêvais d'un retour de 500 miles, en une étape, avec un vent moyen de force quatre, éventuellement au près ou au louvoyage, car il ne faut pas vouloir trop contrarier l’univers qui a quand même décidé que les vents dominants soufflent du sud-ouest.

Cependant, il devenait évident que depuis le 25 août la météo se dégradait. C'était peut-être parce que nous étions arrivés sur la côte ouest de la Suède et que la terre ne nous protégeait plus ou bien simplement que nous avancions dans la saison mais en tout cas l'été était derrière nous. Il était temps de rentrer.

Paul S. avait décidé de m'accompagner pour ce trajet et je l’accueille à bord le 27 août à Göteborg.

Marina de Göteborg


La météo est maussade et contraire et nous décidons de commencer par une étape vers l'île de Marstrand.
Nous y restons deux jours en attendant la fin du passage d'une dépression. Ce port qui était complet il y a encore 10 jours est quasi vide. La saison Suédoise est bien finie.

Marstrand























Les conditions semblent meilleures le 29 août avec des prévisions de vent de nord-est s'orientant progressivement au sud-est. Le vent, annoncé entre quatre et six beaufort, sera donc contraire au début mais viendra progressivement du travers.























Et c'est à peu près ce qui s'est passé. Notre cap est beaucoup trop vers le sud au début mais le vent adonne progressivement et nous pouvons enfin faire une route directe le long de la côte nord du Danemark. Le vent forci vers 20 heures, et il nous oblige à prendre progressivement des tours de rouleaux dans la grand-voile et dans le génois. Vers minuit, il souffle entre 30 et 32 nœuds avec des rafales à 34. En même temps, une alarme s'allume à la table à cartes : Le baromètre électronique nous prévient d'une possibilité de vent fort. ‘ Merci, on le savait déjà!’ Mais ce qu’il ne nous dit pas, c’est pourquoi nous avons ces 10 nœuds de vent de trop dont nous nous serions bien passés.

Déjà très secoués quoique ce soit un vent de terre, la direction du vent nous empêche de prendre un cap plus au sud vers le nord des Pays-Bas. Nous décidons de nous arrêter à Hanstholm, qui est situé juste au nord-ouest du sommet du Danemark. Le Reeds Nautical almanach indique que c’est un grand port de pêche qui n'accueille pas les bateaux de plaisance. Après un appel VHF pour demander la permission d'entrer dans le port, nous sommes vraiment bien accueillis et dirigés vers un quai couvert d'énormes pneus dont le blanc de la coque se souviendra longtemps. Nous nous amarrons à 2:30 après avoir parcouru 134 milles.

Hanstholm


La météo du jeudi 30 août n'est pas excellente et nous décidons de rester une nuit de plus à Hanstholm. Nous avons changé de l'argent, trouvé un magasin, un restaurant ; Nous restons étonnés en nous promenant dans la région de découvrir que les paysages de la Baltique ont disparu et nous nous retrouvons dans un paysage de dunes sablonneuses qui ressemble à la Belgique. Ce type de côte s'étend depuis le nord du Danemark jusqu'au-delà de la frontière avec la France et la côte est de l’Angleterre. Pourtant, les côtes rocailleuses et découpées de la Norvège ne sont qu’à 57 miles au nord.





Ces dunes et bancs de sable rendent la côte ouest du Danemark très inhospitalière. Les instructions nautiques indiquent qu'il est très dangereux de rentrer dans les ports lorsque le vent souffle du large à plus de cinq beauforts. Nous serons donc obligés de faire route jusqu'aux Pays-Bas en une étape. De plus, les îles de frise le long des côtes nord de l’Allemagne et des Pays-Bas ne sont pas plus accueillantes et ne proposent que trois abris : Helgoland, Borkum et Den Helder. Pour les autres, peu de profondeur, bancs de sable, courants et mer déferlante dès qu’il y a du vent.

Les prévisions du jeudi soir ne sont pas excellentes, mais après une nuit très venteuse, nous nous réveillons le vendredi sous le soleil et sans vent. Après l'analyse de plusieurs météos, nous décidons d'y aller. Le vent qui a soufflé du nord-ouest cinq à sept doit diminuer à quatre et s'orienter progressivement au sud-ouest, force de quatre à cinq, dans les 48 heures. Voilà qui est parfait, même si nous devrons terminer au louvoyage !

Le départ se fait au moteur, faute de vent, dans une mer de deux à trois mètres. En nous éloignant de la côte, le vent monte progressivement à 15, puis 18 nœuds et nous permet de faire une route directe avec une vitesse de six à sept nœuds vers Den Helder. En fin d'après-midi, nous retrouvons sous génois seul, bien roulé avec un vent portant de 28 à 33 nœuds.
Rontudjuuu, cela recommence, les prévisions météo étaient à nouveau erronées. Mais, bien que nous soyons assez secoués, nous avons au moins l'avantage d'avancer très vite et dans la bonne direction.

Le vent va tomber au cours de la nuit et puis au matin s'orienter doucement, comme prévu, vers le sud-ouest. Nous sommes à ce moment-là à quelques heures du premier rail des cargos et nous passons doucement en configuration de près serré.
La météo navtex nous rassure : Vent d'ouest à sud-ouest quatre pouvant augmenter momentanément à cinq. Tout va bien, nous devrions contourner Den Helder ce soir.

Et pourtant encore une fois ce n'est pas du tout ça qui va se passer : Ce vent de sud-ouest n'a aucune composante ouest, il est plein dans le nez, et en plus il monte progressivement à 25, puis à 32 nœuds. Avec le vent apparent, nous en dégustons 38 à 39, à nouveau 10 de trop !

Très rapidement, le génois roulé accuse un creux qui nous empêche de remonter au vent. C’est le moment d’utiliser pour la première fois notre dernier investissement de l’hiver passé : Une trinquette sur étai largable.

Comme elle est déjà grée, il suffit de la hisser. Ceux qui ont déjà fait cette manœuvre savent ce qu’il faut comprendre par ‘il suffit’.  Après cette bataille avec la drisse, la toile, le sac, les vagues qui passent sur le pont glissant, le harnais qui se bloque dans tout ce qui dépasse et la trouille de l’équipier que je glisse à la mer, nous avons le plaisir de constater que cette trinquette est parfaite. Elle améliore directement notre situation et nous permet de faire un cap très honorable. Comme le vent continue à forcir, nous allons progressivement rouler la grand-voile. Cette configuration nous permet de remonter, vite et sans problème jusqu'aux environs de 30 nœuds.


La trinquette


Vers  32 nœuds cela devient limite. Le voilier m'avait donné le conseil de rouler complètement la grand-voile si je constatais que nous étions sur-toilés  Après essais, cela ne fonctionne pas. Sans grand voile, la vitesse tombe directement aux environs de 3 à 4 nœuds. Quoique je pense que ce soit ridicule, je me décide à ajouter un tout petit bout de grand-voile, que j'estime à deux ou trois m². Cela ramène immédiatement la vitesse aux environs de six nœuds. Mais c’est décidé, nous allons ajouter une bande de ris à la trinquette et cela nous permettra de remonter au vent au-delà de 30 nœuds.

En attendant, la situation à bord est très inconfortable. Je n'aime pas ça et reste relativement inquiet.  C'est la première fois que je remonte dans un vent et une mer aussi forts avec ce bateau et bien qu'il se comporte parfaitement, je me demande comment il est possible que tout ce matériel résiste avec des efforts pareils. Bien sûr, des bateaux identiques ont vécu des situations bien plus difficiles… Mais je continue à prévoir ce que je ferais en cas de problème, en ne laissant rien paraître à l’équipier qui me regarde pour voir ce qu’il doit en penser. Est-ce que le tirant de l’étai largable a été bien fixé cet hiver ? Et s’ils s’étaient trompés ? Et si le pont se soulevait en laissant entrer la mer à flot dans la cabine avant ? Et si, et si, et si ...
La mer très chaotique, nous apporte régulièrement des coups de gîte qui mettent le pont et les hublots latéraux dans l'eau, les écoutes sont emportées et traînent derrière. La moindre avarie nous laisserait dans une situation très difficile. Nous restons attachés dans le cockpit, il est difficilement possible d'aller aux toilettes, d'ailleurs elles vident leur contenu à la gîte dans les salles de bains. Il est difficile de manger, impossible de dormir et pour garder la vitesse, je dois barrer la plupart du temps. Cette punition va durer 15 heures. Heureusement, notre approche de la côte nous permet de retrouver le pilote automatique car le ‘fetch’ et donc la mer diminuent.

Den Helder est bien sûr oubliée et nous allons tenter de nous abriter à Borkum qui se situe sur la frontière entre l'Allemagne et les Pays-Bas. Sans notre trinquette et avec le courant contraire, il nous aurait été impossible de remonter suffisamment au vent pour y arriver et c'est vers l'île d’Helgoland que nous aurions dû aller pour nous réfugier, ce qui aurait représenté un très grand détour, pour y arriver et en revenir, se chiffrant en dizaines d'heures de navigation.

Nous arriverons à Borkum à 5:45 le matin après 40 heures de navigation et un parcours de 278 milles. Le bateau est en parfait état, pas une seule goutte d'eau à bord, mais l'équipage est assez cassé.

Ce qui est marquant dans le nautisme est la succession de très hauts et de très bas. Avec mon père, nous avons un code pour l’exprimer: ‘A ce moment là, j’ai vendu mon bateau, mais le lendemain matin, en prenant mon petit déjeuner au soleil, je l’ai racheté.’ Cela veut simplement dire qu'il a sérieusement dégusté en se demandant une fois de plus pourquoi il continuait à naviguer.

Encore un qui devait en avoir marre du bateau ...


Nous rachèterons, nous aussi, le voilier en profitant d'une journée à Borkum et en visitant la ville balnéaire qui n’est pas mal du tout et qui propose de très nombreux restaurants. Un conseil, le glacier italien situé devant l’arrêt du bus vaut le détour.

Nous repartons le lundi 3 septembre avec un courant et un léger vent contraires : Moteur. En suivant la côte, nous nous orientons de plus en plus vers le sud-ouest, mais le faible vent tourne avec nous et reste tout à fait contraire : Moteur.

Au petit matin, après une nuit tranquille, nous sommes agressés par une intense lumière verte juste sur notre route. Probablement un rayon laser. En même temps la VHF nous appelle et nous demande de nous écarter d'un mile d'un navire qui est juste devant nous. Le navtex nous avait prévenus mais je n’avais pas porté attention à ce message noyé parmi tous les autres.

Peu après le vent se lève, le courant se renverse et devient portant, et nous allons passer la journée à louvoyer le long de la côte des Pays-Bas. Car bien sûr le vent est toujours du sud-ouest, c'est-à-dire juste dans le nez.

Mais nous avançons vite et nous passons l'entrée de Rotterdam vers 16 heures avec un voilier hollandais qui se charge de la communication avec les autorités portuaires qui ont une façon de parler le néerlandais qu’il nous est difficile de comprendre même pour Paul qui est néerlandophone. Stress, il y a toujours autant de cargos dans tous les sens ; une zone à éviter dans la mesure du possible, je déteste.

Le vent va ensuite adonner et faiblir et nous allons terminer notre trajet au moteur en empruntant la petite passe le long de la presqu'île de Walkeren.

Et nous aurons le plaisir de nous amarrer à une heure du matin à Breskens : Petite bière bien méritée, même deux et au lit.

Nous avons navigué 39 heures depuis Borkum et parcouru un nombre de miles important que la fatigue m'a fait oublier de noter…

Mais depuis Göteborg nous avons parcourus 742 miles.

mardi 28 août 2012

Archipel de Stockholm et canal de Göta



Et voici les vacances d’été familiales. Le trajet est fixé depuis longtemps, naviguer dans l'archipel de Stockholm et puis prendre le canal de Göta jusqu'à Göteborg. L'avantage de ce trajet est de nous permettre de naviguer par n'importe quel temps, protégés de la mer par toutes les îles. Au total, cela représente un trajet de 489 miles.

Nous commençons par un séjour de trois jours à Stockholm qui est une très belle ville, sans plus. Autant le dire tout de suite, nos conclusions concernant la Suède sont que son atout principal réside dans la nature, la mer, les îles et les paysages, mais que l’on est loin du berceau de la civilisation et qu’en dehors de quelques châteaux il n'y a pas grand-chose à visiter. Ainsi, par exemple, les églises ont une architecture banale et un intérieur sans grand intérêt.

Cliquez sur la photo pour agrandir


Nous avons déjà dit tout le bien que nous pensons de l''archipel de Stockholm dans le billet précédent et cette nouvelle partie confirmera notre opinion. Nous quittons Stockholm par la passe du Nord qui est celle qu’empruntent  les paquebots. L'archipel de Stockholm a deux parties qui offrent des paysages assez différents. L'archipel intérieur, le plus proche de la côte est composé d'îles qui s'élèvent assez haut et qui sont recouvertes de pins. L'archipel extérieur est beaucoup plus sauvage, avec une multitude de rochers, de petites îles et il exige une navigation encore plus attentive.

Il y a tellement d'îles et de rochers lorsque vous regardez le paysage puis retournez vers la carte, il arrive souvent que vous ne retrouviez plus votre position. Il est hautement conseillé de la conserver avec un Post-it que vous déplacez progressivement. Nous utilisons une cartographie électronique et nous avons vite compris qu’il est utile de bien préparer les trajets en y indiquant tous les waypoints. Les cartes papier restent utiles car elles donnent à la fois une vue détaillée mais aussi une vision plus globale de la route à prendre. C’est qu’il y a moyen de confondre les passes et de prendre un cul-de-sac bourré de cailloux juste en dessous de la surface de l’eau. Je redoutais cette navigation, mais on s’y habitue vite et pour finir cela devient assez facile. Au point que dans cette deuxième partie des vacances, nous allons régulièrement louvoyer entre les cailloux dans les vents dominants et contraires que nous allons rencontrer.

Notre premier mouillage sera dans l'archipel intérieur, Gällnö, et le suivant, encore plus beau, sera dans l'archipel extérieur : Fallsingskobben.


C'est en quittant ce mouillage que nous allons louvoyer avec un vent de sud-ouest de 25 nœuds.

Partant du principe qu'un tiens vaut mieux que deux tu l’auras, nous allons retourner à deux mouillages que j'avais déjà visités lors de la remontée vers Stockholm : Utö et Ringson qui restent deux endroits qui sont pour moi incontournables.

Nous choisissons le mouillage suivant, juste avant le canal de Götha, sous le vent d'une petite île et nous passons une bonne nuit jusque vers 3 heures du matin réveillé (sans s, il n’y a que moi qui me réveille) par le vent qui va virer de 180° et forcir à force cinq. Le vent nous pousse sur les rochers qui ne sont plus loin, mais changer de place est quasi impossible, parce que rien n'est éclairé. Heureusement, nous avons remplacé la chaîne de diamètre huit par du dix cet hiver et l’ancre par une Spade. Mais je resterai quand même deux heures dans le cockpit à vérifier que tout se passe bien.

Arrivée à Mem

Et le lendemain, nous arrivons à Mem, à l'entrée du canal de Göta. Nous sommes accueillis des étudiants engagés pour l'été par le canal et qui nous donnerons toutes les indications sur les trajets, les caractéristiques des écluses, la façon de les passer, etc. Ils nous demanderont également une somme d'environ 900 € pour le passage jusqu'à Göteborg. Nous apprenons également que la météo de cette année est mauvaise et qu'il y a nettement moins de bateaux dans le canal que les autres années. En ce qui concerne la météo, nous sommes totalement satisfaits, elle dépasse toutes nos espérances et la plupart des journées sont ensoleillées.

Le passage du canal de Göta est un voyage très agréable. Les paysages sont variés traversants des villes, des campagnes et des paysages qui nous rappellent tout à fait l'archipel de Stockholm.

Ecluse manuelle


Grain et grèle




Ce canal emprunte également plusieurs lacs dont les lacs Vättern et Vänern ; celui-ci est le deuxième plus grand lac d'Europe.

Ecluses de Berg

Le canal compte 64 écluses. La plus remarquable est celle de Berg qui compte sept étages. Ce lieu est très touristique et vous passez toutes ces écluses avec une centaine de touristes qui vous observent : On a l'impression au début de faire partie des animaux d’un zoo, mais on s'y habitue très vite et pour finir ça devient très amusant.

Söderkopping


Quelques endroits nous ont particulièrement plu : nous sommes restés deux jours à Söderkopping. Promenade juste devant le port vous mène dans des bois et sur des rochers qui montent à une centaine de mètres.

La ville de Vadstena se situe sur le lac Vättern. La marina est au pied d'un château et la ville, ancienne est vraiment très belle.
Enfin, pour rester dans les châteaux, un petit port dans l’île de Läckö en propose également un situé juste au-dessus de la marina.

Vadstena

Läckö

Fin de journée sur le canal

Arrivée des moustiques


La fin du voyage se fait via la rivière Göta alf qui coule avec un courant portant d’un nœud jusqu’à Göteborg. Elle comporte des écluses remarquables à Trollhate. On peut y voir trois générations d’écluses qui rendent cette rivière navigable malgré une très grande dénivellation et une chute d’eau.


Cette rivière reste très longue, au moteur et c’est fatigués que nous arrivons enfin à Göteborg. Rontudjuuuu,  le port est complet, il nous faudra trouver refuge le long de la côte au club royal de Göteborg.

Fin des vacances, retour à Bruxelles sauf pour Adrien qui reste avec moi une semaine.
Nous allons en profiter pour visiter la côte ouest de la Suède qui offre un paysage différent de celui de l’est. Toujours ces blocs de granit, mais sans végétation.
Marstrand est un grand centre Suédois de Yachting, mais tout commence à être désert en cette fin du mois d’août. Et la météo commence à se dégrader. Il est temps de préparer le retour.

Marstrand



Cette préparation nous amène à faire une sortie par 22 nœuds pour établir et régler notre nouvelle trinquette sur étai largable. Tout est ok et le voilier est prêt pour faire le retour vers la Belgique et le changement d’équipage se fera à Gotebörg.

Que penser de ces vacances en Baltique? Nous sommes tous les 4 unanimes: ce fut super, à conseiller.


Essai de la trinquette

mardi 31 juillet 2012

Danemark et Suède


Le Danemark



Au départ de l'Allemagne, le Danemark nous accueille avec de la pluie et un vent d’ESE de 20 à 28 nœuds. Notre intention est d'aller jusqu'à l'île Aero. Le début du trajet est au portant mais après avoir contourné l'extrémité de l'île, il faut remonter contre le vent. Après quelques bords de près dans une pluie qui pique nos visages, nous décidons de nous arrêter à Soby. « Il est très rare de rencontrer des Belges ici » nous dit le capitaine de port avec sa longue barbe blanche sous son ciré dégoulinant. Et il nous conseille d'aller voir le football ce soir au café à côté de l'église ! Et c'est ce que nous ferons.

Notre troisième jour en Baltique nous amènera dans la jolie ville d’Aeroskobing ; bien secoués par un vent de 27 à 32 nœuds, qui heureusement est passé à l'ouest, et de la pluie pour ne pas changer. Courbatures, mal au dos, nous passons une nuit avec de fortes rafales et... encore de la pluie.



Nous repartons quand même le lendemain vers Troemse sous génois seul, avec un vent portant de 22 nœuds mais qui va rapidement osciller entre 32 et 37 nœuds; effet de 'funnel' entre les îles sans doute. Mais cela fait 4 jours où le vent oscille aux environs de 30 noeuds et plus...

Heureusement, le chenal entre les îles arrête les vagues et nous traversons une région de villas de vacances du plus bel effet. Un ciel de traîne nous ramène le soleil et nous terminerons une longue promenade par une petite bière, puis deux, puis trois et un dîner à l'hôtel juste devant la petite marina.

Les Danois mangent dans le calme et font peu de bruit. Ils parlent peu et doucement comme s'ils étaient concentrés sur ce qu'ils mangent et sur le moment présent. Nous nous retrouvons dans l’ambiance et le charme du film « le festin de Babette ».

L'addition, par contre, est salée et l'analyse nous permet de découvrir que le prix d'une bière est de neuf euros !! 6 bières pour 54 €.  Ce surcoût pour l'alcool sera également présent en Suède. Heureusement, nos cales sont pleines!

Le retour du beau temps nous permet de découvrir et d'apprécier le charme du Danemark. Contrairement à ce que je croyais, c'est différent des Pays-Bas. Le paysage est beaucoup plus vallonné et les constructions sont en bois avec des couleurs de blanc, jaune et rouge.

Après une nuit au mouillage, nous ferons 50 milles au moteur sous le soleil vers Stubbekobing. Puis le lendemain, nous irons à Rodvig en passant le long des falaises de calcaire de Stevns qui s'élève à 41 m, ce qui semble remarquable pour le Danemark.



Nous pensions naviguer jusqu’à Copenhague, mais c’est en train que nous irons découvrir cette très belle ville. Décidément nous aimons le Danemark et son ambiance !
Fin de séjour pour Thierry est arrivée de Lucian W., jeune ingénieur de 25 ans qui souhaite découvrir la voile. Il embarque pour trois semaines jusqu'à Stockholm.

le 1er juillet, nous serons contents d'arriver à Ystad situé sur la côte sud de la  Suède après 52 milles parcourus avec un vent arrière inconfortable de 22 à 26 nœuds et beaucoup de houle. Nous n'y resterons qu'une nuit car c'est l'île de Bornholm qui nous attire. Situé au sud de la Suède, elle appartient au Danemark. Nous commencerons par le port d’Hasle.

Le 3 juillet, nous arrivons à Hammer après avoir traversé la frontière naturelle entre un paysage de plaine et les premiers rochers. C’est à partir d'ici que nous n'allons plus naviguer qu'entre les rochers. Ce sont des blocs de granit arrondis et polis par les glaciers qui recouvraient la Baltique il y a quelques milliers d'années.

Et les deux derniers ports de Bornhom valent le voyage. Hammer est isolé et fait face à des collines boisées surmontées d'un château moyenâgeux.

Hammer

Christianso est constitué de deux petites îles au nord de Bornhom et est de toute beauté.

Christianso


De plus, le soleil nous accompagne presque en permanence depuis plus d'une semaine au point de devoir nous protéger avec la crème solaire facteur 50. Navigations en t-shirt, alors qu'en Belgique, il pleut ; je ne m'attendais pas à une météo si clémente, nous avons l'impression de naviguer en Méditerranée en moins chaud et avec du vent.



La Suède



Un long bord de près nous ramène en Suède à Utklipan. Ce port est constitué de quelques rochers au large où l'on a construit un phare et un bassin pour y amarrer les bateaux logistiques. On peut y mettre une vingtaine de voiliers. Bloqués par le brouillard, nous resterons deux jours dans ce paradis terrestre à observer la flore et les oiseaux.

Utklipan

Le troisième jour, 7 juillet, le brouillard est toujours là, mais la météo annonce qu'il devrait se lever. Nous ferons tout de même 4 heures de navigation au radar. Étonnamment, il y a beaucoup de trafic. Et tous ces échos avancent vite, cinq à six nœuds voire plus et ils passent aux mêmes endroits, en fonction des bouées, amers, etc. Nous en éviterons plusieurs avant de décider de nous éloigner de la cohue. Au lever du brouillard, nous aurons la surprise de voir que tous ces échos sont des voiliers qui ne sont pas équipés de radars. En parlant plus tard avec un de ces bateaux, le skipper suédois un peu gêné m'a dit n'avoir vu personne. C'est sûr que si nous avions navigué sans radar, avec une visibilité de 30 m, nous n'aurions vu personne. Ils sont fous ces Suédois !?

Kalmar est une belle ville avec un château construit pour défendre la frontière avec le sud de la Suède qui était occupée par les Danois. Cette ville a également un musée de la Marine qui propose de nombreux objets du Kronan, navire du XVIIe siècle coulé non loin du port.

Château de Kalmar


Après une courte escale à Oskarshamn, nous traversons vers l'île de Gotland située à 70 milles de la côte. Traversée rapide, au travers avec 15 nœuds de vent et amarrage dans le vieux port super encombré de Visby. Nous voici dans le luxe, les paillettes et la superficialité qui nous rappelle certains ports de la Méditerranée. Plein de bateaux à moteur, et au moins trois réceptions bien arrosées sur les flying bridge. Musique à fond, motos nautiques, champagne, jolies filles sur les plages avant, … Jusqu'à une fille abordée par la police car elle se promène en bikini sur le quai, un verre de champagne à la main (interdit sans doute) qui en regardant le policier vide insolemment sa coupe dans le port en faisant disparaître l'objet du délit et en mettant le policier échec et mat. Son père, prêt à la défendre, observe du sommet de son yacht de 55 pieds.

Visby

Tout cela est amusant, mais pas trop longtemps. Compensation, Visby est une magnifique cité médiévale avec des remparts et plusieurs églises en ruine, héritage d'un passé hanséatique.

Färo

Nous ferons encore une pause au nord de Gotland, sur l'île Färo, beaucoup plus tranquille et nous retraversons ensuite vers le sud de l'archipel de Stockholm. C'est au cours de cette traversée que nous retrouverons la pluie après deux semaines de soleil ininterrompu. Nous ne serons heureusement arrosés par intermittence que pendant deux jours.

L’archipel de Stockholm nous accueille dans une baie magnifique et après plusieurs détours dans ses ramifications, nous jetons l'ancre au centre d'un grand bassin, entourés de rochers surmontés de pins. Séduits par cet endroit, nous y resterons deux jours ; son nom : Rigson Ummelvik.

Après un autre mouillage sur l'île Rano, nous arrivons le 17 juillet dans un autre endroit remarquable. Uto sur l'île du même nom.

Uto

Le manque de fonds le long du ponton nous oblige à imiter les coutumes suédoises et à nous amarrer proue à quai et à jeter pour la première et la dernière fois notre ancre fortress et 8 mètres de chaîne par l’arrière. La vase est de très bonne tenue au point qu'il sera très dur de la ressortir et qu'elle reviendra dans le cockpit avec une bonne partie du fond du port…

Une dernière étape avant Stockholm nous montrera que l'archipel tient toutes ses promesses : Napoleonviken, mouillage superbe.

Napoleonviken

Et enfin, le 19 juillet, arrivée à Stockholm et amarrage dans la marina située devant le musée du voilier Vasa qui a coulé en 1628. D'une longueur de 69 m, parfaitement conservé par la vase, il est unique et impressionnant. À voir !!!







Que dire de la Baltique ? Laissons la parole à un Anglais : Amarré à côté de son Najad,  je lui demande quand il retourne dans son pays. "Jamais, me dit-il. Je ne naviguerai plus le long des côtes anglaises, je ne navigue plus qu’ici. Quand on a découvert la Baltique, il n'y a plus de raison d'aller naviguer ailleurs". Plus tard un Belge me tiendra le même discours.

vendredi 29 juin 2012

Petit contretemps dans le canal de Kiel ...



C’est au moment où l’écluse de l’entrée du canal de Kiel ouvre ses portes qu’un orage nous tombe dessus avec de  la grêle et 30 nœuds de vent arrière.
Thierry V. qui m’accompagne découvre encore comment on noue les pare-battages et les amarres… Nous arrivons à couple d’un voilier en bois où 7 équipiers costaux et efficaces s’occupent de nos amarres.
Nous ne sommes pas sûrs de reconnaître leur pavillon national : Pologne nous dit un des équipiers un peu vexé de notre ignorance. Nous voilà donc bien dans un nouveau bassin de croisière.

Et c’est parti pour 90 km de canal. On navigue bien à droite car le trafic des cargos est intense. Nous nous arrêterons à Rendsburg ce soir.



21 heures, nous arrivons au waypoint de l’entrée de la baie que j’ai introduit vite fait, ce matin, dans le GPS tout en surveillant le cap. Mais nous ne reconnaissons rien. Nous devons même faire demi-tour pour ne pas heurter une ligne à haute tension qui devrait être à 40 mètres mais qui est manifestement beaucoup plus basse…

Erreur, nous sommes 3 miles trop loin dans une autre baie. Demi-tour. Oui, mais le canal est encombré de cargos qui attendent  le passage les uns derrière les autres, certains stabilisés par deux remorqueurs… On ne passe pas. Nous sommes pressés car il nous est interdit de naviguer la nuit dans le canal et, malgré notre latitude nord, la nuit commence à tomber.




La carte indique 3,8 mètres, dans une grande étendue d’eau de l’autre coté des ducs d’albe, à coté du canal… Tentant ! En avant, mais doucement et pas trop loin de la passe, on ne sait jamais et en plus, il y a plein de remous des hélices des remorqueurs. Et bien sûr, un peu plus tard, le voilier freine doucement et s’arrête… Rontudjuuu, échoués.

Marche arrière, sans effet, la vase colle. Que faire ? Gonfler l’annexe et se haler sur un duc d’albe ? Quel travail, cherchons autre chose ! Passer la nuit ici, en sécurité à 20 mètres des cargos, mais bien protégés ? Impensable.

Il suffirait  juste de tourner le voilier de 180 degrés. Propulseur d’étrave : cela bouge un peu…
Nous en sortirons, peu fiers, après plusieurs essais, avec le génois à contre dans un vent très léger, le propulseur d’étrave et le moteur en coup de fouet sur le safran.

Pour un début de croisière vers la Suède, où on va naviguer dans une région infestée de cailloux, cela démarre bien !

Il nous faudra nous changer les idées dans le seul établissement encore ouvert à minuit : Un Mac Donald. Avec beaucoup d’ambiance car l’Allemagne a gagné le mach de football.

Le lendemain, la baie de Kiel nous accueille avec un vent portant de 25 nœuds qui va forcir avec des rafales à 30. Nous nous amarrons au fond d’une baie à Kappeln.
Nous sommes juste au sud du Danemark où nous arriverons demain !

jeudi 14 juin 2012

En route vers la Baltique


La Baltique ???? Six mois de négociation familiale, d’influence, de vente, d'argumentation.
De la manipulation ? Non, pas du tout, ne croyez surtout pas cela. Et si malgré tout c'était le cas, croyez bien que ce serait, bien sûr, tout à fait involontaire voire inconscient…

‘Mais qu'est-ce que tu veux aller faire dans le nord ? Tu ne trouves pas qu'il pleut déjà assez ici ? Et en plus on va avoir froid ! Tu ne comprends pas que les vacances pour nous, c'est le soleil ? Et tu as lu le guide ? Il y a plein de sales petits moustiques et des nuages de grosses mouches noires qui piquent sans parler des tiques qui sucent le sang en apportant des maladies ! Et on ne peut même pas nager, l'eau est encore plus froide qu'en Bretagne l'année passée.’

Refroidi par la météo désastreuse de la Bretagne sud et nord de 2011, je commençais à douter; ce projet de vacances vers le nord commençait très mal.

Au bout de quelques semaines j'ai annoncé que j'avais réfléchi et qu'ils avaient raison, ce n'était pas une bonne idée, on n'y allait plus!
Retempète; 'on s'était fait à l'idée de voir Stockholm, etc, etc.'

Tous les doutes s'étaient calmés et le projet avait pris forme en entamant la préparation (Le Petit Prince dit que c'est en arrosant sa rose que l'on apprend à l'aimer).



Ce qui fait que le moment d'y conduire le bateau a bien fini par arriver.

Convoyage de Nieuport vers Kiel, allegro moderato on avait dit… Et une étape entre Nieuport et l'île d’Helgoland. Oui, mais ça c'était le projet établi au coin du feu, dans la douceur et le confort du foyer conjugal.

Au départ de Nieuport la météo était bonne pour le vent, mais pas du tout pour la température. Jacques, fidèle équipier expérimenté était de la partie. Après un départ au moteur, le vent commence à souffler de l'Est comme prévu en nous apportant les bonnes odeurs de la campagne hollandaise.

Vers minuit, passage devant l'entrée de Rotterdam un peu mouvementé avec un immense porte-container limité par son tirant d'eau qui obligeait les autres cargos à l’éviter en navigant hors de la passe ; et c'est là que nous nous trouvions. Nous nous sentions bien petits : Demi-tour et on attend que cela se calme !

Après ce passage, dodo. Mais c'était sans compter sur le vent qui monte et le besoin de prendre des tours de rouleaux dans la grand voile et dans le génois ; 
Re dodo ; mais c'est sans compter sur les nuées de bateaux de pêche qui vont dans tous les sens et qui nous demandent de nombreuses manœuvres pour les éviter. 

Ensuite dodo ? 
Mais non, nous arrivons devant le canal d'Amsterdam où tout semble calme. Mais un examen attentif de l’AIS indique qu'un bateau arrive à 30 nœuds sur tribord en route de collision. Et en voilà un autre plus gros à bâbord à 12 nœuds, également en route de collision : Rontudjuuu !
Réfléchissons : Le petit à tribord pourrait-être le bateau-pilote qui va rejoindre le gros à bâbord. Si on laisse passer le petit tout juste devant il est assez probable que le gros va ralentir pour prendre son pilote et que nous allons passer devant : Bingo, la vitesse du gros descend progressivement jusqu'à huit nœuds et le CPA augmente jusqu’à un demi-mille.

Huit heures le matin, déjà 5 heures de pluie, il fait très froid, nous arrivons à hauteur de Den Elder ; vent force 5 à 6 d’Est. Je calcule qu'on se retrouvera vent debout le long des iles de frise; et lâchement, je prends la direction du port en rêvant de café, de petit déjeuner et surtout de la chaleur d’une couchette immobile.
Oui, bien sûr, je constate en remontant  vers le port que le vent a déjà adonné et que l'on pourrait continuer sa route au près serré. Mais c'est trop tard la marina nous accueille et nous observerons vers 12:00 que le vent a encore adonné, comme la météo le prévoyait, et qu’il continue à souffler force cinq à six. Mauvaise décision, mais enfin, dormir !

Départ le lendemain à 4 du matin sous foc tangonné, puis sous spi. Vers 14:00 le vent se calme et nous continuons au moteur. Puis nous attendons le vent de sud-est qui doit se lever, mais c'est un vent contraire d’ENE 25 nœuds qui se lève. Nous n'allons pas passer la nuit au moteur contre le vent et la mer qui se lève, nous n'avons pas envie de louvoyer contre le courant et nous décidons d'aller passer la nuit à Borkum.

L'étape suivante est évidente, de Borkum à Helgoland. De nouveaux avec un bon vent le matin qui descend progressivement l'après-midi en nous obligeant de terminer au moteur. 

Grêle et rafale de 54 nds dans 20 minutes

La chance est avec nous toute la journée car nous restons au soleil en évitant de nombreux orages qui passent devant ou derrière nous. Jusqu'au dernier qui plus gros, nous passe juste dessus en nous apportant une belle et longue rafale de 54 nds accompagnée de grêle ; nous nous étions justement dits qu'il serait temps de rincer le pont.

Helgoland est une ile étrange qui s'élève à 55 m au-dessus du niveau de la mer. L'Allemagne l'a échangée avec l'Angleterre en lui offrant Zanzibar. Durant la seconde guerre mondiale elle a servi de cible pour les exercices de tir de la RAF. C'est aujourd'hui une destination de vacances pour les Allemands qui indiquent qu'elle offre 2000 heures de soleil par an. Mais un de ses principaux attraits est constitué par la cinquantaine de magasins où l'on peut se procurer de l'alcool et des cigarettes hors taxes.



Mais pourquoi tant de photographes avec du matériel très sophistiqué ? C’est que les falaises de cette île donnent refuge à des milliers de fous de bassan, de pingouins torda et autres. Superbe spectacle qui nous fera oublier le passage d’une dépression, de sa pluie et son vent.




Et enfin la dernière étape avec la remontée de l'Elbe vers Cuxhaven où nous allons laisser le voilier en parfaite sécurité pour deux semaines. La marina a une qualité et une gestion toute germanique à un prix bien inférieur à ceux de la manche ou de la Bretagne.

Voilà, bien travaillé. Nous avons fait ce trajet de 335 miles en une semaine. Il nous reste encore le canal pour arriver à Kiel, mais Bruxelles nous attend.


lundi 28 mai 2012

Et si on allait prendre une bière à Pin Mill ?


Nous l'avions planifié, Paul S. et moi il y a quelques semaines lors d'un de ces dîners où l'on refait le monde au restaurant du BRYC : Et si on faisait un aller-retour rapide vers Harwich pour prendre une bière à Pin Mill ? Et nous avions bloqué deux jours dans notre agenda.

Deux semaines avant le départ nous observions la météo : NE 7 à 8 ; bon, tant pis, on n'y va pas. Quelques jours plus tard : Étalement de l'anticyclone et force quatre; voilà qui est mieux. Et pour finir quelques heures avant le départ : ENE quatre à six refusant pour le retour vers l'Est.

Il reste à tracer la route. Il y a encore 15 ans, c'était simple; il suffisait de tracer une ligne droite de la côte belge vers l'entrée de la rivière en prenant soin de traverser le rail perpendiculairement. Une petite correction de cap pour tenir compte de l'influence des courants et tout était joué.

Mais depuis 1997 un nouveau système de séparation du trafic (Sunk) s'est installé dans l'estuaire de la Tamise qui rend les choses beaucoup plus compliquées. Ce système comporte trois entrées sous forme de TSS (Traffic Separation Scheme) et une autre moins formelle qui permet au bateau venant de Harwich et de Londres de rentrer dans le système. Au centre, un grand rond-point de type sens giratoire qui permet au cargos de tourner jusqu'à ce qu'ils prennent la direction de la sortie. Inutile de dire que ce système de séparation de trafic est à éviter formellement et une écoute du  canal 16 indique que les contrevenants se font rapidement remettre à l'ordre.
Pour corser les choses, ce système est entouré de zones réservées à des champs d’éoliennes qui sont implémentées tellement vite que nos cartes de 2011 ne sont plus à jour.
Et bien sûr, ce système de séparation oblige les plus petits navires à emprunter des routes qui passent juste à côté de bancs de sable qui émergent à marée basse et dont un œil exercé peut déceler la présence grâce aux déferlantes qui les chapeautent.






Il y a deux routes pour rejoindre Harwich : On peut laisser le système au sud ou au nord. Le vent et les courants nous feront choisir la première pour l'aller et la seconde pour le retour.
La navigation en Méditerranée est quand même vraiment plus facile ! 

L'anticyclone basé sur la Scandinavie nous a cependant apporté un climat typiquement méditerranéen, le vent en plus.

Départ à 2 heures du matin avec un vent de travers force quatre et une vitesse 6,5 et 7,5 nœuds. Grande première pour Paul, c'est la première fois qu'il naviguait la nuit et il m'a rappelé cette sensation bizarre que j'avais oubliée de foncer dans le noir en se demandant ce qu'il y a devant et en ayant peur qu’il n’y ait plus rien et que l’on tombe dans un trou….

Après une traversée sans histoire nous serons accueillis à l'entrée de la rivière par un vent de 30 noeuds avec des rafales à 35. Voilier qui passe sur  sa barre, gite qui fait tomber des objets des équipets, tout le monde à la manœuvre, il faut faire du riz comme dit Paul.

La Woolverstone Marina fait partie du Harwich Royal Yacht Club. Elle est située dans la rivière, un petit peu plus loin que Pin Mil. S’y amarrer avec 27 nœuds de vent et un courant d’un nœud contre le vent demande une petite réflexion : Faut-il mieux choisir le côté du ponton perpendiculaire à la rivière avec le vent de face et le courant arrière ou l'autre coté ? Vaut-il mieux entrer dans sa place en marche avant ou en marche arrière ? Nous avons choisi une solution qui a eu le mérite de réussir.
93 milles en 14 heures et un litre et demi de diesel, voilà qui n'est pas mal.

Commençons par aller acheter un pain. Le petit magasin n'accepte pas les cartes de crédit. Ni les euros nous dit-il avec un air un peu dégoûté; nous n'avons pas de Pounds. Pour finir il nous fera cadeau de ce pain dont nous avons bien besoin.

Pin Mill et le pub Butt and Oyster 
La rivière Orwel est de toute beauté et nous allons la longer à pied jusqu'à Pin Mill où nous prendrons une bière anglaise qui fait plus de 33 cl mais moins qu'un demi-litre. Et après un bon repas à bord, l'équipage s'écroule sur ses couchettes ; la dernière nuit de sommeil a été très courte.

Le lendemain, réveil un peu tard. Le vent est beaucoup moins fort, le soleil brille et le petit déjeuner dure un peu plus longtemps que prévu. Nous partons à 10:00 mais le planning proposait 8:30. Bon, tant pis, mais nous aurons le courant et le vent contre à la sortie de la rivière.


Ce trajet d'une heure pour contourner un méchant banc de sable sera fait au moteur. Ensuite nous naviguons au près, au bon plein et enfin au près serré jusqu'au rail des paquebots le tout avec un vent de 20 à 25 nœuds avec une vitesse de 7 à 9 nds. À partir du rail, ligne droite jusqu'à Nieuport. 




Amarrage à Nieuport au coucher du soleil soit 21:45. Nous avons parcouru 81 milles en un peu plus de 11 heures. Conditions un peu sportives, l'équipage est un peu courbaturé à l'arrivée. 
Mais notre projet a réussi : Nous sommes allés prendre une bière à Pin Mill !


Mais pourquoi n'êtes-vous pas allés directement à Nieuport me demande ma fille? C'est quand même beaucoup plus court!  Quoi? Vous avez fait tout ce trajet juste pour une bière? Elle était bonne au moins?


Je crois avoir lu que le Sage dit que ce n'est pas le but qui est important mais le chemin que l'on fait pour y arriver.