vendredi 29 juin 2012

Petit contretemps dans le canal de Kiel ...



C’est au moment où l’écluse de l’entrée du canal de Kiel ouvre ses portes qu’un orage nous tombe dessus avec de  la grêle et 30 nœuds de vent arrière.
Thierry V. qui m’accompagne découvre encore comment on noue les pare-battages et les amarres… Nous arrivons à couple d’un voilier en bois où 7 équipiers costaux et efficaces s’occupent de nos amarres.
Nous ne sommes pas sûrs de reconnaître leur pavillon national : Pologne nous dit un des équipiers un peu vexé de notre ignorance. Nous voilà donc bien dans un nouveau bassin de croisière.

Et c’est parti pour 90 km de canal. On navigue bien à droite car le trafic des cargos est intense. Nous nous arrêterons à Rendsburg ce soir.



21 heures, nous arrivons au waypoint de l’entrée de la baie que j’ai introduit vite fait, ce matin, dans le GPS tout en surveillant le cap. Mais nous ne reconnaissons rien. Nous devons même faire demi-tour pour ne pas heurter une ligne à haute tension qui devrait être à 40 mètres mais qui est manifestement beaucoup plus basse…

Erreur, nous sommes 3 miles trop loin dans une autre baie. Demi-tour. Oui, mais le canal est encombré de cargos qui attendent  le passage les uns derrière les autres, certains stabilisés par deux remorqueurs… On ne passe pas. Nous sommes pressés car il nous est interdit de naviguer la nuit dans le canal et, malgré notre latitude nord, la nuit commence à tomber.




La carte indique 3,8 mètres, dans une grande étendue d’eau de l’autre coté des ducs d’albe, à coté du canal… Tentant ! En avant, mais doucement et pas trop loin de la passe, on ne sait jamais et en plus, il y a plein de remous des hélices des remorqueurs. Et bien sûr, un peu plus tard, le voilier freine doucement et s’arrête… Rontudjuuu, échoués.

Marche arrière, sans effet, la vase colle. Que faire ? Gonfler l’annexe et se haler sur un duc d’albe ? Quel travail, cherchons autre chose ! Passer la nuit ici, en sécurité à 20 mètres des cargos, mais bien protégés ? Impensable.

Il suffirait  juste de tourner le voilier de 180 degrés. Propulseur d’étrave : cela bouge un peu…
Nous en sortirons, peu fiers, après plusieurs essais, avec le génois à contre dans un vent très léger, le propulseur d’étrave et le moteur en coup de fouet sur le safran.

Pour un début de croisière vers la Suède, où on va naviguer dans une région infestée de cailloux, cela démarre bien !

Il nous faudra nous changer les idées dans le seul établissement encore ouvert à minuit : Un Mac Donald. Avec beaucoup d’ambiance car l’Allemagne a gagné le mach de football.

Le lendemain, la baie de Kiel nous accueille avec un vent portant de 25 nœuds qui va forcir avec des rafales à 30. Nous nous amarrons au fond d’une baie à Kappeln.
Nous sommes juste au sud du Danemark où nous arriverons demain !

jeudi 14 juin 2012

En route vers la Baltique


La Baltique ???? Six mois de négociation familiale, d’influence, de vente, d'argumentation.
De la manipulation ? Non, pas du tout, ne croyez surtout pas cela. Et si malgré tout c'était le cas, croyez bien que ce serait, bien sûr, tout à fait involontaire voire inconscient…

‘Mais qu'est-ce que tu veux aller faire dans le nord ? Tu ne trouves pas qu'il pleut déjà assez ici ? Et en plus on va avoir froid ! Tu ne comprends pas que les vacances pour nous, c'est le soleil ? Et tu as lu le guide ? Il y a plein de sales petits moustiques et des nuages de grosses mouches noires qui piquent sans parler des tiques qui sucent le sang en apportant des maladies ! Et on ne peut même pas nager, l'eau est encore plus froide qu'en Bretagne l'année passée.’

Refroidi par la météo désastreuse de la Bretagne sud et nord de 2011, je commençais à douter; ce projet de vacances vers le nord commençait très mal.

Au bout de quelques semaines j'ai annoncé que j'avais réfléchi et qu'ils avaient raison, ce n'était pas une bonne idée, on n'y allait plus!
Retempète; 'on s'était fait à l'idée de voir Stockholm, etc, etc.'

Tous les doutes s'étaient calmés et le projet avait pris forme en entamant la préparation (Le Petit Prince dit que c'est en arrosant sa rose que l'on apprend à l'aimer).



Ce qui fait que le moment d'y conduire le bateau a bien fini par arriver.

Convoyage de Nieuport vers Kiel, allegro moderato on avait dit… Et une étape entre Nieuport et l'île d’Helgoland. Oui, mais ça c'était le projet établi au coin du feu, dans la douceur et le confort du foyer conjugal.

Au départ de Nieuport la météo était bonne pour le vent, mais pas du tout pour la température. Jacques, fidèle équipier expérimenté était de la partie. Après un départ au moteur, le vent commence à souffler de l'Est comme prévu en nous apportant les bonnes odeurs de la campagne hollandaise.

Vers minuit, passage devant l'entrée de Rotterdam un peu mouvementé avec un immense porte-container limité par son tirant d'eau qui obligeait les autres cargos à l’éviter en navigant hors de la passe ; et c'est là que nous nous trouvions. Nous nous sentions bien petits : Demi-tour et on attend que cela se calme !

Après ce passage, dodo. Mais c'était sans compter sur le vent qui monte et le besoin de prendre des tours de rouleaux dans la grand voile et dans le génois ; 
Re dodo ; mais c'est sans compter sur les nuées de bateaux de pêche qui vont dans tous les sens et qui nous demandent de nombreuses manœuvres pour les éviter. 

Ensuite dodo ? 
Mais non, nous arrivons devant le canal d'Amsterdam où tout semble calme. Mais un examen attentif de l’AIS indique qu'un bateau arrive à 30 nœuds sur tribord en route de collision. Et en voilà un autre plus gros à bâbord à 12 nœuds, également en route de collision : Rontudjuuu !
Réfléchissons : Le petit à tribord pourrait-être le bateau-pilote qui va rejoindre le gros à bâbord. Si on laisse passer le petit tout juste devant il est assez probable que le gros va ralentir pour prendre son pilote et que nous allons passer devant : Bingo, la vitesse du gros descend progressivement jusqu'à huit nœuds et le CPA augmente jusqu’à un demi-mille.

Huit heures le matin, déjà 5 heures de pluie, il fait très froid, nous arrivons à hauteur de Den Elder ; vent force 5 à 6 d’Est. Je calcule qu'on se retrouvera vent debout le long des iles de frise; et lâchement, je prends la direction du port en rêvant de café, de petit déjeuner et surtout de la chaleur d’une couchette immobile.
Oui, bien sûr, je constate en remontant  vers le port que le vent a déjà adonné et que l'on pourrait continuer sa route au près serré. Mais c'est trop tard la marina nous accueille et nous observerons vers 12:00 que le vent a encore adonné, comme la météo le prévoyait, et qu’il continue à souffler force cinq à six. Mauvaise décision, mais enfin, dormir !

Départ le lendemain à 4 du matin sous foc tangonné, puis sous spi. Vers 14:00 le vent se calme et nous continuons au moteur. Puis nous attendons le vent de sud-est qui doit se lever, mais c'est un vent contraire d’ENE 25 nœuds qui se lève. Nous n'allons pas passer la nuit au moteur contre le vent et la mer qui se lève, nous n'avons pas envie de louvoyer contre le courant et nous décidons d'aller passer la nuit à Borkum.

L'étape suivante est évidente, de Borkum à Helgoland. De nouveaux avec un bon vent le matin qui descend progressivement l'après-midi en nous obligeant de terminer au moteur. 

Grêle et rafale de 54 nds dans 20 minutes

La chance est avec nous toute la journée car nous restons au soleil en évitant de nombreux orages qui passent devant ou derrière nous. Jusqu'au dernier qui plus gros, nous passe juste dessus en nous apportant une belle et longue rafale de 54 nds accompagnée de grêle ; nous nous étions justement dits qu'il serait temps de rincer le pont.

Helgoland est une ile étrange qui s'élève à 55 m au-dessus du niveau de la mer. L'Allemagne l'a échangée avec l'Angleterre en lui offrant Zanzibar. Durant la seconde guerre mondiale elle a servi de cible pour les exercices de tir de la RAF. C'est aujourd'hui une destination de vacances pour les Allemands qui indiquent qu'elle offre 2000 heures de soleil par an. Mais un de ses principaux attraits est constitué par la cinquantaine de magasins où l'on peut se procurer de l'alcool et des cigarettes hors taxes.



Mais pourquoi tant de photographes avec du matériel très sophistiqué ? C’est que les falaises de cette île donnent refuge à des milliers de fous de bassan, de pingouins torda et autres. Superbe spectacle qui nous fera oublier le passage d’une dépression, de sa pluie et son vent.




Et enfin la dernière étape avec la remontée de l'Elbe vers Cuxhaven où nous allons laisser le voilier en parfaite sécurité pour deux semaines. La marina a une qualité et une gestion toute germanique à un prix bien inférieur à ceux de la manche ou de la Bretagne.

Voilà, bien travaillé. Nous avons fait ce trajet de 335 miles en une semaine. Il nous reste encore le canal pour arriver à Kiel, mais Bruxelles nous attend.